Crédit photo : Facebook France Bleu
Considéré comme le « Blanzatico » par certains puristes, qui de mieux que le principal intéressé pour lancer ce 32ème de finale entre l’AJA et l’Olympique de Marseille ? Actuel journaliste pour France Bleu Provence, Bruno Blanzat nous évoque ses belles années ajaïstes, son arrivée à Marseille ainsi que ce match de Coupe de France.
Tu as passé 12 années à commenter l’AJA avec de la Ligue 1, de la Ligue des Champions et de la Ligue 2. Sur tes 485 matchs, lequel a été le plus marquant pour toi positivement et celui négativement ?
Ça ne va pas étonner grand monde mais le match retour du Zenith Saint-Petersbourg. C’était juste fantastique ! Je vais faire la comparaison parce que maintenant je suis à Marseille, mais l’Abbé Deschamps, c’est un petit Vélodrome. C’était un grand match de Coupe d’Europe, un exploit. Qu’on le veuille ou non, le Zenith était un grand d’Europe à l’époque, dans le sens où il y avait beaucoup d’argent par-rapport au « petit » AJA. Et ça continuait de nourrir l’AJ Auxerre, c’est-à-dire le fameux petit contre le grand, David contre Goliath. Il y avait ce match à retourner puisqu’ils avaient perdu 1-0 à l’aller, et il y a cette qualification pour la Ligue des Champions. C’est juste extraordinaire dans une ambiance de folie. Ce but d’Hengbart, ce but de Jelen, je m’en souviens comme si c’était hier alors que c’était en 2010. Je me souviens bien du match aller avec le but pris rapidement et une barre, je crois bien qu’Oliech touche la barre au match aller. J’ai vécu 12 ans à Auxerre, bien sûr que les anciens ont d’autres souvenirs, les gros matchs de Coupe d’Europe : l’Ajax, Dortmund et ainsi de suite. Mais celui-ci, pour la dernière génération de supporters, il est exceptionnel !
On se le prend de pleine face en se disant que c’est ça la descente, c’est ça le purgatoire
Dans cette même lignée, il y a aussi le match à Sochaux, avec ce doublé d’Hengbart…
Oui, effectivement. Ce soir-là, le scénario est fou car il faut aussi regarder de l’autre côté avec le match de Lille à Lorient (défaite de Lille 2-1). Cela vient concrétiser la super saison de l’AJA avec Jelen, Oliech, Niculae. Il y a eu des matchs fors cette saison comme Oliech qui marque 2 buts au Vélodrome. Il y a beaucoup de choses qui sont exceptionnelles, c’était une saison magique. Avec ce que ça représente derrière, ce match contre le Zenith, la Ligue des Champions, j’ai adoré. Même si je me souviens, dans la foulée de cette qualification, Jean Fernandez disait ou on me l’a répété, les souvenirs sont un peu vagues : « C’est le début des problèmes ». C’est le début des problèmes parce qu’il y a la Ligue des Champions, les matchs qui vont s’enchaîner, mais quelle saison magnifique ! Mine de rien, l’AJA tremble jusqu’au bout pour se maintenir en Ligue 1 mais termine 9ème avec une victoire à Lorient sur le dernier match. Je crois bien qu’il y avait encore 9 équipes qui pouvaient descendre et c’est Monaco qui descend.
Je n’ai pas commenté Montpellier quand ils descendent, je n’ai pas non plus commenté le match à Marseille. Un match qui me laisse de regrets, je ne sais pas. Si, je devais dire un match de Ligue 2 – dans les premières saisons – où je me retrouve à Tours, dans un stade de la Vallée du Cher dessué. À 10 minutes du coup d’envoi, il devait y avoir 200 personnes dans le stade, dont des supporters de l’AJA. Et là, je me dis : « Waouh, c’est ça la Ligue 2 ». Et très honnêtement, l’AJA ne mérite pas ça. Je me dis aussi que ça va être dur de sortir de là. On se le prend de pleine face en se disant que c’est ça la descente, c’est ça le purgatoire, malheureusement.
Si tu devais retenir un joueur durant ton passage, lequel serait-il ? Pourquoi ?
Je vais retenir Hengbart, ce n’est pas une surprise. Cet homme-là, parce que je vais parler de l’homme plus que du joueur, est apprécié aujourd’hui encore, comme s’il avait été formé au club. On a cette impression-là alors qu’il est arrivé en cours de carrière et qu’il n’a même pas fait de centre de formation. Il a éclos à Caen mais sur le tard. Il a marqué à sa manière l’histoire de l’AJA. Il a fait vibrer le peuple auxerrois et marque 3 buts importantissimes dans l’histoire du club avec le doublé à Sochaux, ce qui est colossal et puis ce but contre le Zenith. Il était là-aussi en Ligue 2 On n’a même pas envie de dire que c’est un footballeur professionnel, c’est un mec qui ne se prend pas la tête et qui est fantastique. On a commenté les matchs ensemble pendant 4 ans.
J’ai adoré cette génération de la Ligue des Champions : des Pedretti, Grichting, Mignot, Sorin, Hengbart. J’ai kiffé les Oliech, Jelen. Forcément, j’en oublie mais j’ai plaisir à les retrouver comme Delvin N’Dinga. C’était énorme ! Jean Fernandez en tête. Cette génération, je ne l’oublierai jamais. Ça a été un peu plus compliqué avec 1 ou 2 générations pour la dernière saison de Ligue 1 et 1 ou 2 saisons en Ligue 2 mais, franchement, j’ai adoré ça !
J’ai un métier qui me plaît énormément
Et puis tu l’as vraiment vécu cette génération, tu l’as vu grandir, évoluer, et la consécration avec cette Ligue des Champions…
Bien sûr ! À l’époque, en 2010-2011, Jean Fernandez partait 2 jours avant sur les déplacements en Coupe d’Europe donc je passais plus de temps avec eux qu’avec mon amoureuse. C’étaient des supers mecs et un super coach humainement parlant. J’ai un métier qui me plaît énormément, et là, j’avais encore moins l’impression d’aller bosser. Mon métier, c’est aussi de transmettre des émotions aux auditeurs de France Bleu, à l’époque sur France Bleu Auxerre. Et là, il y’en avait des émotions ! C’était fantastique. La fin de la saison d’avant avec ces duels dans le haut de tableau où on se demandait si l’AJA pouvait même jouer le titre avec finalement l’OM qui termine champion, qu’on a affronté quelques journées avant pour un 0-0 à l’Abbé Deschamps. C’était à cheval sur les 2 saisons et c’était monumental !
À Auxerre, il y a un but qui est quasiment systématiquement répertorié à toi, c’est le deuxième but d’Hengbart sur le terrain de Sochaux, en mai 2010. Tu serais capable de nous le refaire maintenant ?
Oui, parce que je l’ai réécouté plusieurs fois. « Allez les Auxerrois, il reste 1 à 2 minutes. Sorin qui doit relancer pour Maxime Bourgeois. Allez ! Il faut y aller ! Ne pas avoir de regrets. Le débordement de Bourgeois, le centre de Bourgeois au 2ème poteau… ET LE BUUUUT, le but de la tête de Cédric Hengbart. » Et après je parle de pyramide, cette pyramide sur Cédric Hengbart. Ils sont comme des gamins les Auxerrois. C’est rigolo parce que ça reste marqué dans l’esprit des supporters de l’AJA qui écoutaient la radio. Ce but qui repasse souvent parce qu’il a un peu fait le buzz sur internet. Ça reste un beau souvenir évidemment mais je garde surtout le match contre le Zenit. Peut-être plus que ce but d’Hengbart.
Deux ans plus tard, l’AJA descend en Ligue 2 après 32 années en première division. Quel est ton sentiment qui prédomine après le match face à Montpellier ?
Face à Montpellier, c’était déjà réglé. Ils descendaient déjà la semaine d’avant contre l’OM. Pour Montpellier, je n’étais pas au stade. (rires) Comme tout football amateur, je m’étais fait un ligament croisé. je m’étais fait opéré, j’étais à la maison. C’est mon collègue Johan Gand qui avait commenté le match. Kapo marque rapidement de mémoire, après ce sont les images laissées par ce public. Ce match arrêté ainsi de suite et cette mauvaise image quelque part même si on pouvait comprendre la colère des supporters envers la direction. Au final, les tomates, tout ça, ce n’est pas si grave que ça même s’il y avait eu un match à huis-clos pour le premier en Ligue 2 (victoire 2-0 contre Nîmes) avec le Tallec qui marque.
Ce qui me fait mal, c’est plutôt le match contre Bordeaux, quelques jours plus tôt. On se dit que ça y est, l’AJA a sorti la tête de l’eau en gagnant à Dijon, pour le derby avec Traoré, N’Dinga, que c’est peut-être jouable. Et au final, contre Bordeaux, c’est 3 buts encaissés. Je ne le commente pas mais je suis au stade. Et là, c’était invraisemblable… Je me dis que ce n’est pas possible. Ce match contre Montpellier, je ne l’ai pas forcément en travers de la gorge. C’est surtout un peu Bordeaux où se joue le maintien.
Tout est en place pour que l’AJA retrouve cette saison ou la saison prochaine, l’élite
L’AJ Auxerre entame sa 9ème saison en Ligue 2. Toi qui a vécu les 8 premières, qu’est-ce qui a manqué au club jusque-là pour retrouver l’élite ? Penses-tu que les Auxerrois sont en mesure de monter ?
Très honnêtement, je pense que maintenant, tout est en place pour que l’AJA retrouve cette saison ou la saison prochaine, l’élite. Pour qu’un club remonte, sauf recette miracle, il faut qu’il y ait une unité. Et là, aujourd’hui, il y a tout qui est aligné : des jardiniers au président. C’est à dire qu’il y a un actionnaire fort, des installations dignes du haut niveau, un entraîneur qui a la recette de la Ligue 1, un effectif pour et il y a la dynamique. Le plus grand des malheurs aujourd’hui, c’est qu’il n’y ait pas de public au Stade Abbé Deschamps. Et ça, ça me déçoit. Quand je vois une affiche contre l’OM -même si l’OM est en difficulté – et que le public du Stade Abbé Deschamps ne puisse pas se régaler avec ça, ce public de passionnés, ça me fait mal au cœur. Mais aujourd’hui concrètement, il y a tout pour que l’AJA retrouve la Ligue 1. Cette saison ou pas, on verra, mais jouer le Top 5 à cette période de la saison, c’est du jamais vu ! Il n’y a qu’une fois au cours de laquelle l’AJA a pu jouer quelque chose, c’était en 2015, quand elle va en finale de Coupe de France, avec Jean-Luc Vannuchi.
C’est la seule où l’AJA est un peu en haut …
Un peu en haut sur la fin seulement. Là on se dit que ça peut le faire ! Et puis au final, il y a la Coupe de France, qui est énergivore, qui leur prend le dernier peps qu’ils ont. Cette aventure, elle est magnifique ! La demi-finale contre Guingamp et la finale contre le PSG, tout ça ! Au final, il n’y en a pas eu énormément des joies de croire à la Ligue 1. Mais, là je me dis que l’équipe est structurée. Après, c’est dommage aussi qu’il n’y ait pas trop de joueurs formés à l’AJA. Mais faut savoir ce que l’on veut à l’heure actuelle. Quel est l’objectif du club ? L’objectif du club, il est aussi de retrouver la Ligue 1. C’est la recette de Jean-Marc Furlan et il la connaît parce qu’il a dû monter à 4 reprises sur 11 saisons en Ligue 2. C’est quand même colossal. Je me dis que ça peut le faire, que ça peut être la saison. Déjà, jouer au moins les barrages permettrait de montrer à tout le monde, aux autres clubs de Ligue 2 et aux supporters, que l’AJA est de retour parmi les bonnes équipes de ce classement de Ligue 2.
Si l’AJA en est là, je pense que Jubal y est pour beaucoup
Que penses-tu du recrutement estival auxerrois ?
Pour moi, le recrutement estival est marqué par 2 jolis coups. Même si je suis très déçu de voir que l’AJA n’avait pas conservé Mathieu Michel à l’époque, j’ai été super content que pour le remplacer, ils prennent « Dono » (Donovan) Léon, que j’apprécie beaucoup, en tant qu’homme aussi. Ce sont des supers souvenirs notamment sur l’épopée en Coupe de France, en 2015. Il a l’air de faire sa saison dans l’ensemble. On dit qu’une ou deux fois, il ne s’est peut-être pas montrer décisif mais sur les derniers matchs, il a fait gagner des points. C’est un vrai bon gardien, Furlan le connaît très bien. Même si on dit le plus grand bien de Laiton, c’est aussi un mec formé à l’AJA et ça fait du bien. À l’époque, son histoire avec l’AJA n’était pas terminée. Il avait été lancé un peu tôt en Ligue 1, en 2011, quand Sorin était blessé. On lui prédisait un grand avenir et c’est peut-être aller vite à ce moment-là. Au final, je suis content qu’il revienne-là et qu’il rejoue car je trouvais que c’était du gâchis de voir Léon remplaçant, et des fois, remplaçant du remplaçant.
Après, je dis bravo. Ils ont réussi à trouver un joueur que l’AJA n’avait pas trouvé depuis 5-6 ans, c’est à dire un défenseur central en la personne de Jubal. C’est juste un recrutement exceptionnel pour un club de Ligue 2. Bravo à l’AJA et Cédric Daury parce que si l’AJA en est là, je pense que Jubal y est pour beaucoup, d’après les retours que j’ai eus, comme je n’ai pas vu tous les matchs. Ça a l’air d’être sacrément costaud ! Après Gauthier Hein, je ne connais pas trop, Lloris non plus et après Autret, c’est bon, et tous les autres étaient là : Dugimont, Le Bihan…
Cela fait maintenant 1 an et demi que tu as rejoint France Bleu Provence où tu commentes l’Olympique de Marseille. Comment t’es venue cette opportunité ?
Le poste s’est libéré ici comme ça a été le cas quand j’ai postulé à France Bleu Auxerre. On a fait appel à moi et j’ai saisi l’opportunité. Cela se passe bien. Et puis, je suis Vauclusien, il y avait une volonté de voir autre chose. Je suis très fier d’avoir travaillé à Auxerre et d’avoir couvert l’AJA, je me suis vraiment éclaté. J’ai rencontré de belles personnes. C’est un club vraiment historique et je l’ai remarqué. Ça a beau être un club où on a l’impression que c’est familial, il s’est passé beaucoup de choses, des rebondissements dans tous les sens : la Ligue des Champions, la descente en Ligue 2, une finale de Coupe de France, les fameux « papys flingueurs » à la tête du club, un changement de propriétaire, un autre changement de propriétaire. Il s’est passé tellement de choses… Je me suis régalé mais bon c’est comme un joueur qui a des fois besoin de changer de club, j’avais besoin de faire autre chose pour me remettre en question et repartir. Mais je suis encore de très près (l’AJA). J’ai été voir l’AJA quand j’étais minot, en Coupe d’Europe et tout, donc j’étais très fier d’avoir pu commenter quasiment 500 matchs de ce club historique.
Et puis quand tu es petit, tu as des rêves, donc quand le rêve devient réalité de les commenter, c’est magnifique…
Oui c’était cool. Le petit regret que j’ai, c’est que je suis arrivé après Guy Roux, que j’ai beaucoup côtoyé en dehors du club parce qu’il était encore très présent au club, qu’on le veuille ou non. J’aurais aimé le connaître en tant qu’entraîneur. On se serait pris quelques fois la tête, certainement, mais ça aurait été bien rigolo et on se serait vraiment amusés.
S’il y a une chose qui devait te manquer à Auxerre, quelle serait-elle ?
(hésitation) Il y a 2-3 choses. Le métier de journaliste sportif est un métier qui évolue et pas forcément dans le bon sens. C’est à dire que les clubs se ferment de plus en plus, on n’a de moins en moins accès aux joueurs. Ici, à Marseille, c’est totalement fermé, comme dans les 2-3 grands clubs français. À l’AJA, je pouvais encore faire mon métier comme je l’entendais dans le sens où je pouvais avoir des interviews seul à seul avec les joueurs, raconter des histoires, faire des portraits, trouver des choses décalées à raconter aux auditeurs de France Bleu Auxerre. Et ça, c’était très intéressant, y compris journalistiquement. C’est un peu ce qui me manque ici.
Ce qui me manque aussi, c’est le lien avec les supporters. Je m’éclatais à Auxerre, à discuter avant les matchs, après les matchs, souvent avec les mêmes mais on refaisait le monde aux entraînements. C’était ce côté un peu familial, autour des matchs de l’équipe réserve, sur l’annexe 3. C’était les belles habitudes. De manière générale, ce lien avec le club, le président, les salariés, j’aimais bien.
Plutôt le Stade Abbé Deschamps ou le Stade Vélodrome ?
Je choisis le stade Abbé Deschamps plutôt que le Stade Vélodrome vide. Après, je pense et je l’ai confirmé avec le match contre le Zenith, que le Stade Abbé Deschamps, quelquefois, a été un petit Vélodrome. Et c’est ça qui m’a plu, au-delà des couleurs « bleue et blanche ». Quand tout le monde s’y met, il y a de ces ambiances magnifiques. Alors oui, c’est trois fois plus petit que le Vélodrome mais c’est génial, parce qu’il se passe des choses dans ce stade. Il s’est passé un nombre de choses incalculable, des exploits et c’est un peu pareil, comme ici, à Marseille. Après, c’est sûr que l’ambiance dans un Vélodrome à 50000 personnes, par-rapport à 8000, 12000 supporters sur des matchs qui n’étaient pas des affiches en Ligue 1, ce qui était déjà très bien, mais c’est sans aucune mesure. C’est colossal à Marseille !
Pour commenter, je suis 100 fois mieux au stade Abbé Deschamps. On est très près de la pelouse donc pour les sensations, c’est génial ! Le ressenti, comme on est un peu les yeux des auditeurs, c’était fantastique. Je me souviens en Ligue des Champions quand on était près de la pelouse, c’était incroyable de vivre ça. Les joueurs de l’AJA et puis les Cristiano Ronaldo, Ibrahimovic, Ronaldinho, Pirlo, c’était énorme de les voir de si près. Les Suarez avec l’Ajax, c’était colossal. Ici, on est beaucoup plus haut au Vélodrome, mais c’est tout autre chose.
Cette équipe a perdu confiance en elle, il n’y a toujours pas d’attaquant
Et puis-là, avec ce stade vide, tu dois te sentir petit.
(soufflement) Oui, c’est particulier, vraiment particulier. Je prends toujours du plaisir à commenter car j’aime mon boulot mais là, en terme de rendu, ambiance et tout, c’est vraiment compliqué. Pour les auditeurs, je me dis que les faire vibrer en plus de la mauvaise phase actuelle de l’OM. C’est un peu dur.
L’OM n’est pas en très bonne posture avec 7 matchs consécutifs sans victoire, toutes compétitions confondues. De ton point de vue, comment expliques-tu cette situation ?
C’est difficile. Il y a de l’extra-sportif qui s’est un peu mêlé dans le sportif. Les supporters un peu en colère, qui ne sont pas au stade. Quand on est poussés par le Vélodrome, ce n’est pas pareil que quand le Vélodrome est vide. Ça aurait bougé quelques fois les Marseillais, puis y a des matchs qu’ils auraient forcément gagné si le stade avait été plein. Ensuite, il y a un énorme désaccord entre les supporters et la direction, ça rejaillit sur le sportif. Un peu comme il y avait eu, par moment, des problèmes à l’Abbé Deschamps. L’OM a aussi fait une mauvaise campagne en Ligue des Champions et a laissé beaucoup d’énergie. A un moment donné, les joueurs étaient fatigués et ça se ressent ces derniers temps. Cette équipe a perdu confiance en elle, il n’y a toujours pas d’attaquant et c’est là où c’est compliqué. il y a la recrue Milik qui fait du bien mais elle est blessée.
Samedi dernier, de violents incidents se sont déroulés à la Commanderie, qui a conduit au report de Marseille-Rennes. Comment as-tu vécu ces scènes ?
C’était riche en actualités. Ce club, quand on le suit, c’est génial pour un journaliste parce qu’il se passe tous les jours quelque chose quasiment. Après, c’est allé trop loin et ça aurait pu être, je pense, dramatique. Cela ne doit pas se reproduire et même les groupes de supporters disent qu’ils regrettent ces violences et qu’ils n’étaient pas venus pour ça. Je pense que ça a un peu déraillé et personne ne s’y attendait. Journalistiquement parlant, ça fait drôle de voir ça. On s’attendait à ce que les supporters montrent leur mécontentement mais on ne s’attendait pas à ce que aille aussi loin. Et de là, à entrer de force dans le centre d’entraînement, c’est chaud.
Ce mercredi, tu retrouves le Stade Abbé Deschamps pour le compte des 32èmes de finale de Coupe de France entre l’AJ Auxerre et l’Olympique de Marseille. Quel est ton ressenti avant de retrouver cette enceinte ?
Je suis super content ! Il y a plus de chances de gagner à l’Euro Millions que l’AJA reçoive l’OM si vite après mon départ. Ça fait un an et demi que je suis parti, j’habitais encore à Auxerre il y a 8 mois donc c’est juste génial. Quand j’ai vu que les clubs de Ligue 1 – Ligue 2 jouaient les uns contre les autres, je me suis dit qu’il y a peut-être une petite chance. Quand j’ai vu ensuite qu’ils étaient dans le même groupe au niveau du tirage, j’ai vibré et quand j’ai vu ensuite qu’il fallait aller gagner à Troyes à l’époque, même si le match a été inversé ensuite, je me suis dit : « Purée, ça peut être vraiment sympa ». Ce que je regrette vraiment, c’est que le public ne soit pas là. Mais je suis super content de revenir. C’est bête, mais j’ai l’impression de réagir comme un joueur qui retrouve son ancien club, de retrouver des têtes que je connais. Je pense au président Graille, à beaucoup de monde comme les joueurs même s’il y en a pas mal de nouveaux. En 12 ans, on en voit même les dirigeants avec Baptiste Malherbe, les bénévoles et des gens avec qui je discutais quasiment tous les jours.
On a beau mettre de la fausse ambiance dans les stades, ça ne ressemble à rien
Du coup, tu as dû être content de voir la tête de Bellugou face à Troyes, qui permet à l’AJA de passer…
(rires) Ça, c’est cool ! Merci beaucoup François.
A quel type de match t’attends-tu alors que les 2 équipes ont une dynamique plutôt différente ? Les Icaunais peuvent-ils créer la surprise face aux Phocéens ?
Oui parce que même s’il y a une vraie histoire ici avec les supporters qui adorent la Coupe de France, c’est quand même une équipe de l’OM qui ne va pas bien. Qui va un petit peu mieux mais qui ne va pas bien, elle est en convalescence. En gros, ça sera une équipe de l’OM qui a le même niveau d’une équipe de deuxième partie de tableau de Ligue 1. Je pense que Jean-Marc Furlan va continuer avec la même équipe qui a éliminé Troyes, c’est à dire que c’est une équipe de deuxième partie de tableau de Ligue 2, et des joueurs professionnels. Quand je vois que c’est Bellugou-Souprayen en défense centrale, il y a de l’expérience. Laiton dans les buts, et les Boto, Begraoui, je les connais. Il y a de la qualité. Il y aussi Birama Touré qui avait joué la dernière fois. Ils en ont fait des exploits et peuvent encore sortir un club de Ligue 1. On n’est pas du tout dans le David qui défie Goliath, c’est vraiment 2 équipes avec des joueurs professionnels et franchement, je me dis que tout peut arriver. C’est du 50/50.
Depuis un long moment maintenant, le public n’est plus autorisé dans les stades. En tant que journaliste radio, as-tu une pression supplémentaire pour faire ressentir des émotions à ton audimat ?
Je n’ai pas une pression supplémentaire mais on est tous malheureux de cette situation, surtout les auditeurs, ce qu’on comprend. C’est compliqué… Bien évidemment qu’un but commenté dans un stade plein, avec l’ambiance derrière, c’est juste génialissime en terme d’émotions. Il y a les frissons. Là, c’est moins le cas. Je pense que les joueurs aussi sont super déçus de voir ces stades vides. Ils kiffent quand les stades sont pleins, quand on les pousse, quand il y a de l’ambiance. Même quand ils sont sifflés à l’extérieur, ça les booste, il y a un truc. Là, il ne se passe rien.. Malheureusement, c’est un peu comme tout, on s’y habitue. Mais oui, ça manque terriblement. On a beau mettre de la fausse ambiance dans les stades, ça ne ressemble à rien donc c’est ça qui est malheureux.
Tu les as côtoyé durant de longues années, et ils fêtent leurs 30 ans cette saison. As-tu un message particulier à faire aux Ultras pour cet anniversaire.
« De belles salutations parce que très honnêtement, quand je vois comment c’est compliqué dans les grands clubs entre les Ultras et les journalistes… A Auxerre je me suis régalé ! Il y a toujours eu d’excellentes relations, qu’ils soient au stade, en déplacement. Il y en a qui sont restés des bons potes. J’en ai emmené en déplacement, il y en a avec lesquels j’ai partagé une chambre ou un lit. Et ça, c’est des supers moments ! Ce que je retiens, c’est l’aspect humain, le partage et leur passion pour l’AJA. Ça m’a marqué, ça m’a plu. Ce que j’apprécie beaucoup, c’est que de jeunes entre 20 et 35 ans ont été marqués par la génération Cissé-Méxès-Boumsong, ces fameux maillots Playstation. Avec la Ligue des champions, il y a 10 ans, elle a encore rêvé. Elle vibre moins cette génération-là mais elle est toujours présente au stade. Même si avec la Ligue 2 le vendredi soir, ça a été compliqué, c’est beau. Et je sais très bien pour eux, comme pour tous les supporters de l’AJA – les fameux clubers – la flamme est toujours là. Il suffit d’une étincelle pour que ça reparte. J’espère vraiment qu’avec le retour du public dans les stades d’ici quelques mois et le retour de l’AJA en Ligue 1, j’espère que de nouveau, ça s’enflammera. »
L’équipe d’Actu-AJA le remercie pour sa disponibilité et lui souhaite bon courage pour la suite de la saison avec Marseille